Biographie de l'auteur
Daniel Pennac (de son vrai nom Daniel Pennacchioni) est né en 1944 à Casablanca, au Maroc. Enfant, les affectations de son père, militaire, l'amènent à séjourner en Allemagne, en Somalie, en Éthiopie ou en Indochine. Pensionnaire en France de la classe de 5e à la terminale, il s'ennuie à mourir et découvre très tôt le plaisir des livres. Sa pratique de la lecture est compatible avec la réputation de cancre qui lui colle à la peau tout au long de sa scolarité. Lire en douce et sans arrêt est une façon de s'ennoblir en désobéissant, de s'ouvrir au monde alors même que votre « indignité scolaire » vous promet les affres de la solitude et de la honte. En 1969, une maîtrise de lettres en poche, Pennac entame vingt-cinq années d'un enseignement enthousiaste consacré aux élèves en difficulté scolaire. En 1973 paraît Le Service militaire au service de qui ? (Le Seuil). Il y explore les trois mythes véhiculés par le service militaire : l'égalité, la maturité et la virilité sous les drapeaux. Suivent deux romans politico-burlesques écrits en collaboration avec le dissident roumain Tudor Eliad : "Les Enfants de Yalta" (Jean-Claude Lattès, 1976) et "Père Noël" (Grasset et Fasquelle, 1978). Puis vient un séjour de deux années au Brésil, duquel l'écrivain tire la matière d'un roman qu'il n'écrira que vingt-trois ans plus tard, "Le Dictateur et le Hamac" (Gallimard, 2003). Entre 1985 et 1999, Daniel Pennac crée la célèbre saga de la famille Malaussène, qui paraît aux éditions Gallimard : "Au bonheur des ogres" (1985), "La Fée Carabine" (1987), "La Petite Marchande de prose" (1990 ; prix du Livre Inter 1990), "Monsieur Malaussène" (1995), "Des chrétiens et des Maures" (1996) et "Aux fruits de la passion" (1999). Tous puissamment contemporains, ces romans sont aussi graves qu'est jubilatoire leur traitement narratif, raison pour laquelle ils passionnent un lectorat d'une grande diversité, aussi bien culturelle et sociologique que générationnelle. Mais c'est avec "Comme un roman" (Gallimard, 1992) que, entre-temps, Pennac accède à une notoriété internationale. Dans cet essai corrosif et joyeux, il pointe le dégoût qu'engendre chez nombre d'élèves l'enseignement « médico-légal » de la littérature. Il réveille le désir de lire, proclame « Les droits imprescriptibles du lecteur » et réhabilite la lecture à voix haute. En 1997 paraît "Messieurs les enfants" (Gallimard), fable familiale dans laquelle une bande d'enfants se trouvent métamorphosés en adultes pendant que leurs parents redeviennent enfants. Le roman est porté à l'écran par Pierre Boutron. En 2004 et 2007, les éditions Hoëbeke publient deux albums de photos, "Les Grandes Vacances" et "La Vie de famille", fruits de la complicité entre Daniel Pennac et le photographe Robert Doisneau. En 2006 paraît chez le même éditeur "Nemo par Pennac", rencontre de l'auteur avec le subtil et mystérieux graffeur des murs parisiens. En 2007 suit "Écrire", un recueil de dessins de Pennac lui-même. Ce dernier y croque les états d'âme d'un auteur au travail. En 2005, Jean-Michel Ribes convainc Daniel Pennac de jouer lui-même, au théâtre du Rond-Point, "Merci" (Gallimard, 2004), hilarant soliloque d'un créateur « honoré d'être honoré » pour « l'ensemble de son oeuvre ». Le spectacle tournera deux ans. Les deux années suivantes, au théâtre toujours, Pennac met en pratique sa réhabilitation de la lecture à voix haute en lisant "Bartleby le scribe", insolite et poignant chef-d'oeuvre d'Herman Melville (Gallimard, 2003, traduction de Pierre Leyris). Dans "Chagrin d'école" (Gallimard, prix Renaudot 2007), Pennac étudie les ravages que la peur provoque tant chez les élèves en difficulté que chez leurs parents ou leurs professeurs et suggère les moyens de remédier à cette cause majeure de l'échec scolaire. En 2012, Lilo Baur monte "Le 6e Continent "(Gallimard, 2012), fable écologique écrite par Pennac à partir d'une improvisation collective des acteurs de la troupe du metteur en scène. La même année paraît "Journal d'un corps" (Gallimard) dans lequel Pennac suit l'évolution du corps de son narrateur, de l'âge de treize à quatre-vingt-sept ans. Son adaptation donne une longue tournée de lecture théâtrale, mise en scène par Clara Bauer. Pennac a offert ses premiers livres aux enfants ? "Cabot-Caboche" et "L'?il du loup" (Nathan, 1982, 1984) ? et n'a jamais cessé d'écrire pour eux, notamment la série des "Kamo" (Gallimard Jeunesse, 1997-2007) et, plus récemment, "Le Roman d'Ernest et Célestine" (Casterman, 2012), porté à l'écran par Benjamin Renner. L'écrivain a écrit cette histoire, et le scénario, en hommage à son amie Monique Martin, alias Gabrielle Vincent (1928-2000), auteure des albums "Ernest et Célestine", publiés aux éditions Casterman. En 2018, il sort son dernier roman, "Mon frère" (Gallimard). Le 28 mars 2013, la plus ancienne université d'Europe, l'université de Bologne, décerne à Daniel Pennac le titre de docteur honoris causa ès pédagogie. Celui-ci prononce en italien sa leçon doctorale d'intronisation intitulée « Una lezione d'ignoranza » (« une leçon d'ignorance »). En marge du roman, Pennac pratique aussi la bande dessinée. "La Débauche", avec Jacques Tardi (Gallimard Futuropolis, 2000), dénonce la vague de licenciements abusifs qui déferle sur nos entreprises dès les débuts de la mondialisation. Suivront, aux éditions Lucky Comics, deux albums de Lucky Luke, "Lucky Luke contre Pinkerton" (2010) et "Cavalier seul" (2012), écrits en collaboration avec le romancier Tonino Benacquista et dessinés par Achdé. De sa rencontre avec Florence Cestac en 2014 naît "Un amour exemplaire" (Dargaud, 2015), une superbe histoire d'amour, qui connaît une adaptation au théâtre du Rond-Point en 2018.
Florence Cestac est un grand nom de la bande dessinée franco-belge. Fondatrice des éditions Futuropolis en 1975 et créatrice du personnage d'Harry Mickson, elle collabore également aux tout premiers débuts de magazines cultes, tels que ?Pilote', ?L'Écho des savanes' ou encore ?Charlie Mensuel', et travaille avec de nombreux auteurs et scénaristes, comme Tonino Benacquista ou René Pétillon. Tout au long de sa carrière, elle obtient de nombreuses récompenses, dont l'Alph'art de l'humour du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, qu'on lui décerne à deux reprises, notamment pour l'album "Le Démon de midi" (1996, Dargaud) en 1997. Florence Cestac est née un 18 juillet 1949 à Pont-Audemer. Après une scolarité modeste (pas de diplômes trop voyants), elle intègre, en 1965, les Beaux-Arts de Rouen puis, en 1968, les Arts décoratifs de Paris. Elle dessine pour ?Salut les copains', ?Lui', ?20 ans', et rencontre Étienne Robial, avec lequel elle ouvre, en 1972, la première librairie de bande dessinée parisienne et fonde, en 1975, les éditions Futuropolis. Dans le feu de l'action, elle devient maquettiste, emballeuse, livreuse, photograveuse, traductrice, nounou d'auteurs, attachée de presse et directrice de collection. Elle voit défiler dans son bureau toutes sortes de jeunes talents en friche, et racontera, avec Jean-Marc Thévenet, cette expérience enrichissante dans un livre intitulé "Comment faire de la bédé sans passer pour un pied nickelé" (1988, Futuropolis). Parallèlement, elle crée le personnage d'Harry Mickson : une sorte de haricot (le haricot dodu du cassoulet, pas le modèle de régime) vêtu d'une salopette-short d'où émergent quelques bras et jambes caoutchouteux, un gros nez et un béret directement vissé à la cervelle. Ce rejeton illégitime de Mickey Mouse, qui se balade dans ?(À SUIVRE)?, ?Métal hurlant? et ?Charlie?, est promu mascotte de Futuropolis et du Mickson BD Football-Club. Elle reçoit en 1989 l'Alph'art de l'humour du festival d'Angoulême pour "Les Vieux Copains pleins de pépins" (1989, Futuropolis), et crée les aventures de Gérard Crétin dans ?Mikado'. Dans ?Le Journal de Mickey', elle transforme la rubrique jeux des Déblok en bande dessinée. En 1997, elle récolte un deuxième Alph'art de l'humour pour "Le Démon de midi" (1996, Dargaud), hilarante tragédie post-conjugale où l'on voit un quadragénaire quitter son épouse usagée pour une autre, plus fraîche. Ce chef-d'oeuvre d'humour vache, désarmant de franchise, est adapté au théâtre par Michèle Bernier et Marie-Pascale Osterrieth, où il connaît un énorme succès. Inondant la presse (?Play-Boy', ?Cosmopolitan', ?L'Hebdo des juniors', ?Quo', etc.) de ses dessins humoristiques, elle rapatrie la famille Déblok chez Dargaud en 1997. En 1998 paraît "La Vie en rose" (Dargaud), album retraçant la jolie vie de Noémie, monomaniaque du ravissement. En 1999, dans le genre projection des diapos de vacances, c'est "Du sable dans le maillot"(Dargaud) et, en 2000, "Les Phrases assassines" (Verticales), avec Véronique Ozanne ? un recueil cruel et tordant de ces petits mots doux qui vous envoient un môme en analyse pour quinze ans. D'autre part, depuis 1993, Florence expose ses oeuvres hors BD (souvent en trois dimensions) à la galerie Christian Desbois. En 2000, elle reçoit le grand prix de la ville d'Angoulême, ce qui fait d'elle la présidente du festival en 2001, avec un jury presque exclusivement féminin, une rétrospective passionnante de son oeuvre et un discours de Charlie Schlingo depuis le balcon de la mairie ? du grandiose. Chez Dargaud, elle publie, en 2002, "La Vie d'artiste" (autobiographique à quelques broutilles près) et, en 2004, "Super catho" (récit d'une enfance catho dans la Bretagne des années 1950), sur un scénario de René Pétillon. En 2005, alors que "Le Démon de midi" est porté à l'écran, elle lui donne une suite finement intitulée "Le Démon d'après midi" (Dargaud). En 2007, elle publie "La Véritable Histoire de Futuropolis" (Dargaud), où elle narre la fabuleuse aventure éditoriale et humaine de la première librairie de bande dessinée, ouverte en 1972, devenue ensuite une maison d'édition hors norme ? et dont elle fut l'un des piliers. En 2009, elle publie, avec Jean Teulé, une biographie posthume sur la vie de Charlie Schlingo ("Je voudrais me suicider mais j'ai pas le temps", Dargaud). L'année 2010 voit l'apparition du volume 4 de la série "Les ados" (Dargaud) qui se moque gentiment de l'âge ingrat. Florence Cestac a travaillé avec Nadège Beauvois Temple sur l'album "On va te faire ta fête, maman !" (Dargaud). Sorti en avril 2011, ce recueil de 100 dessins a pour vocation de faire rire autour du thème de la grossesse et des maladresses de l'entourage qui, souvent, l'accompagnent. En 2011 également paraît "Des salopes et des anges" (Dargaud), une histoire imaginée avec Tonino Benacquista. Et, en 2013, c'est seule que Florence Cestac publie l'incroyable "Le Démon du soir ou la Ménopause héroïque" (Dargaud). En 2015 est publié "Un amour exemplaire" (Dargaud), scénarisé par Daniel Pennac, qui connaît une adaptation au théâtre du Rond-Point en 2018. En 2016, paraît le premier tome de "La Fille des oiseaux" (Dargaud), dont la suite et fin sort en 2018. En 2021, elle clôt son cycle d'albums autobiographiques avec "Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !)" (Dargaud, 2021).